Postes d’aiguillage, un patrimoine menacé

  Avec l’annonce de l’arrivée de la LGV (Ligne Grande Vitesse) en 2017, les intentions de modernisation de la gare et la création d’un immense complexe issu du projet EuroRennes, la Métropole rennaise s’assure une dynamique incontestable qui n’est pas sans rappeler Euralille. Seulement ce projet urbain colossal menace tout un patrimoine industriel et humain de disparition si nous ne réagissons pas rapidement…

Les Postes d’aiguillage, nouveaux fantômes ferroviaires ?

Le Poste D, reconstruit dès 1939 à l’entrée ouest du faisceau de Saint Hélier.

   Dès l’apparition du chemin de fer, les leviers servant à commander les signaux et les aiguilles furent regroupés par commodité. C’est l’apparition des postes d’aiguillage (on emploie aussi parfois le terme de « cabine »), aujourd’hui tous appelés à disparaître avec la restructuration de la gare. Témoins d’un siècle et demi de chemin de fer en Bretagne, ils auront vu l’arrivée du premier train à Rennes en 1857, contribué au développement économique grâce aux emplois générés par eux, et impulsé la construction de multiples logements annexes pour les cheminots.

Les postes d’aiguillage sont une cinquantaine à être encore en service en Bretagne, dont près de quinze demeurent encore et toujours mécaniques, comme figés au XIXème siècle. Certains d’entre eux sont particulièrement remarquables et il serait préjudiciable de ne pas en conserver une trace, tel que le SAXBY 1943 au Poste D [1] ou le MU45 au Poste 1 [2]

Autour de ces postes d’aiguillage, c’est également tout un patrimoine immatériel qui gravite. Car au-delà du revêtement architectural, leur disparition ferait tomber dans l’oubli tout le savoir-faire des cheminots, happé par la modernisation de la nouvelle ligne. A l’heure où ces notions de « savoir-faire » et de préservation des vieux métiers sont une préoccupation encore actuelle (la convention sur le patrimoine immatériel de l’UNESCO, l’impulsion donnée par l’Institut National des Métiers d’Art, en sont des exemples bien concrets), il serait impensable de les laisser disparaître sans réagir.

Un appel à la conservation

  L’association des amis du patrimoine rennais est aujourd’hui porteuse d’un appel à projet de conservation des postes d’aiguillage mais aussi des divers bâtiments annexes également menacés par la restructuration de la gare (ateliers de confection de pièces ferroviaires, logements des cheminots et immeubles de services, réfectoires des anciens employés, etc…), de la préservation de leur mémoire orale, et de valorisation de ce patrimoine trop méconnu du public. Cet appel soutenu entre autres par la Région Bretagne et Rennes Métropole, pourrait aboutir à la préservation in situ de certains postes d’aiguillage et bâtiments, voire pourquoi pas à un projet plus large de médiation.

Quoiqu’il en soit, l’enjeu est important et se joue dès aujourd’hui.

En savoir plus : Les amis du Patrimoine rennais

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[1] Poste portant le nom de son inventeur et industriel anglais, John Saxby (1821-1913). Les premières cabines n’étaient pas à l’abri d’erreurs d’aiguillages, à cause de la juxtaposition malencontreuse de leviers identiques. John Saxby les améliora et diminua ces risques grâce à un système plus judicieux d’enclenchement des leviers.
[2] Poste mécanique unifié. Seulement 350 postes de ce type furent construits entre 1947 et 1974.

4 réponses à “Postes d’aiguillage, un patrimoine menacé

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  2. Merci beaucoup d’avoir relayé notre message et notre action ! C’est tous ensembles que nous pourrons nous faire entendre en tant que citoyens responsables.

    A bientôt sur notre site et sur facebook pour suivre notre mouvement
    Les Amis du Patrimoine Rennais

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