La Tapisserie de Bayeux en version animée

Inscrite à l’UNESCO au registre « Mémoire du Monde » depuis 2007, la Tapisserie de Bayeux est constituée de panneaux de lins tissés. Ceux-ci forment une fresque de presque soixante-dix mètres de long représentant la conquête de l’Angleterre par Guillaume le Conquérant en 1066. Si l’on ne connait pas la date exacte, ni le lieu de confection de cette broderie, les historiens et conservateurs s’accordent pour affirmer qu’elle date du XIe, ce qui lui donne une valeur documentaire inestimable.

La Tapisserie a eu du mal à trouver sa coquille :  si durant toute la période médiévale, elle fait partie du Trésor de la Cathédrale de Bayeux, elle est déplacé à la Révolution et dès lors, déménagera de nombreuses fois. Elle est ainsi présentée au Musée Napoléon à Paris quelques années avant de retourner à Bayeux, où elle est présentée à la Bibliothèque du Collège, puis dans l’hôtel de Ville, dans la Galerie Mathilde et enfin dans l’Hôtel du Doyen. Durant la seconde Guerre Mondiale, elle est étudiée par des scientifiques allemands dans l’Abbaye de Mondaye avant d’être mise en dépôt au Château de Sourches. Transférée au musée du Louvre en 1944, elle manque d’être emportée en Allemagne. En 1945, elle rentre définitivement à Bayeux, où elle est présentée à nouveau à l’Hôtel du Doyen. Aujourd’hui, la Tapisserie est présentée dans l’ancien Grand Séminaire, devenu Centre Guillaume le Conquérant.

Suspendue dans la cathédrale de Bayeux, ayant servie de bâche au XVIIIe pour un chariot, manquant d’être découpée à la même période pour servir de décoration, la Tapisserie a souffert de toutes ces expositions successives. Cependant, de presque dix siècles d’exposition au public, on peut dire que la Tapisserie sort dans un état remarquable. C’est la préservation de ce patrimoine fragilisé qui est au centre de la muséographie du Musée de la Tapisserie de Bayeux.

La Tapisserie est donc présentée dans un couloir sombre d’environ quatre vingt mètres de long. Le visiteur se voit confier un audio-guide et entre dans la fosse… En effet, les visiteurs se bousculent au Musée de la Tapisserie. Ensuite, il faut suivre le rythme. C’est une découverte « express » que l’on nous propose dans un premier temps : l’histoire de la conquête de Hastings est racontée étape par étape et s’appuie sur l’illustration que constitue la Tapisserie. De leur côté, les enfants ont leur propre enregistrement. La pièce est donc conçue comme un espace de circulation : la visite de la Tapisserie elle-même ne doit pas excéder le quart d’heure.

Pour ceux qui en veulent en savoir plus,  il existe un espace d’interprétation de la Tapisserie de Bayeux au premier étage. Le propos de l’exposition a été revu lors des nouveaux aménagement scénographiques datant de 2008. De grands panneaux plastifiés sont suspendus et divisent l’espace en différentes thématiques.

Un premier espace, entièrement dédié à la technique du tissage, au matériau, à la préservation de la broderie a donc été conçu. Il repose notamment sur des duplicatas de parties de broderies, que l’on a présentés à l’envers et à l’endroit et  accompagnés de schémas explicatifs sur les différents points de broderie. Une borne tactile présente la Tapisserie de Bayeux, également à l’envers et à l’endroit. Quelques phrases expliquent ce que chaque scène représente. Le visiteur peut également « zoomer » sur les scènes qui l’intéressent le plus. Cet outil permet de compléter la visite de la Tapisserie en vérifiant les détails que l’on n’a pas eu le temps de voir. En termes de contenu, on nous propose quelque chose de similaire à  cette proposition du Bourlingueur.org.  La borne interactive sert également de transition, au sein de l’espace d’exposition, vers une présentation plus complète de la période de la conquête de l’Angleterre.

Fichier:Tapisserie soldat mannequin.jpgSont alors abordés les thèmes de la construction navale, de l’armement, de la bataille elle-même, que l’on a pu apercevoir dans la Tapisserie. L’exposition complète le propos en nous faisant découvrir l’Angleterre de Guillaume le Conquérant, donc la période postérieure à la Tapisserie. Destructions, partages des terres, constructions de châteaux-forts, grand inventaire de l’Angleterre (Domesday Book) sont autant de thèmes que le Musée de la Tapisserie a décidé de traiter d’une façon assez étonnante. On découvre en effet des statues en cires (et notamment la figure de Guillaume le Conquérant ci-contre), des maquettes de villages imaginés, et même des dioramas. L’exposition se finit donc sur une touche assez vieillotte, qui ne manque cependant pas de charme!

Cet espace d’interprétation apporte donc un complément de visite indispensable à la Tapisserie de Bayeux, et déborde largement de son sujet premier pour notre plus grand plaisir. Les espaces de reconstitution introduisent dans la scénographie, un peu sévère autrement, des touches d’originalité amusantes. On regrette cependant l’utilisation limitée de l’outil multimédia, dans le sens où la seule borne tactile présente dans la scénographie a un intérêt franchement restreint. Quel dommage, alors que l’on trouve des idées fabuleuses simplement en farfouillant un petit peu sur le web! J’en arrive en effet à ces magnifiques petites créations qui remplaceraient selon moi très avantageusement le contenu de la borne tactile du Musée de la Tapisserie. Voilà qui fait vivre le récit de la Tapisserie sans le trahir!

Pour aller visiter le Musée de la Tapisserie de Bayeux ou pour quelques éléments d’histoire, c’est .

2 réponses à “La Tapisserie de Bayeux en version animée

  1. Voilà qui donne envie d’aller faire un tour en Normandie!le première vidéo d’animation est vraiment très bien faite.

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